La misère…

La misère…

Le sac de riz que nous avons apporté aujourd’hui n’y changera rien. La misère est là, profonde…

Nous avons souvent parlé de Madame Vaneum dans ce blog. Lorsque je l’ai connue avec sa famille, ils habitaient sous un pont. Depuis quelques mois maintenant, peu avant Noël dernier, les 3 derniers enfants, de 16, 6 et 5 ans, sont accueillis par PSE. Le plus grand dans leur foyer, les deux plus petits dans une famille d’accueil.

Compte tenu de la pauvreté de cette famille, le placement des enfants, dont les parents étaient demandeurs, était une bonne chose. Je me disais aussi que cela allait peut-être leur permettre de sortir la tête hors de l’eau. Cela était logique, moins de bouches à nourrir, cela allége les difficultés.

Eh bien, il semble que cela aille un peu mieux pour eux, mais cela reste bien relatif.

Veasna, un jeune du Foyer Saint Jean Baptiste dont je m’occupe, assure le suivi de cette famille, et est allé leur rendre visite. Ils sont bien plus loin de Phnom Penh qu’auparavant, a une heure de moto. Le père était absent, il n’y avait que la mère, fatiguée mais heureuse de cette visite. Elle travaille dans une usine de briques… travail harassant et mal payé, 14000 riels, soit 3.5$ par jour pour 8 heures de travail. Si elle prend un jour de repos, elle n’est pas payée. Avec les fortes pluies de cette saison, lorsque l’usine ne fonctionne pas pour cause d’inondation comme aujourd'hui, ils ne sont pas payés non plus. Son mari, Monsieur Meun, touche parfois 1 dollar de plus par jour pour les tâches les plus physiques.

Elle essaie d’économiser un peu pour pouvoir recevoir ses enfants mais elle est malade et elle a du tout dépenser chez le médecin. Sans les enfants, c’est plus facile, c’est vrai, mais ces derniers manquent… Elle espère qu’ils pourront venir, elle fera une fête pour eux…

Oui, la misère est profonde et nous n’y pouvons pas grand-chose. Alors, me direz-vous, pourquoi une association comme les Écoliers du Cambodge existe-t-elle ?

Une tentative de réponse pourrait être que nous aidons les plus pauvres, que cela est un devoir, devoir de solidarité, de respect, d’amitié. Dans le cas de la dame et de sa famille dont il est question dans ce billet, nous aidons car ils ont fait l’effort de scolariser leurs enfants. L’éducation est l’une des portes les plus sures pour sortir de la pauvreté.

La limite de l’action dans ce cas précis, est un certain éclatement des familles. Mais on ne peut que constater que les jeunes sont bien dans les foyers, qu’ils apprécient le fait de manger à leur faim chaque jour, d’avoir un médecin lorsqu’ils sont malades… Leurs besoins de bases sont remplis, ils sont contents, ils sont scolarisés, mais leurs parents leur manquent. Les parents sont heureux de savoir que leurs enfants sont pris en charge, protégés, qu’ils ont accès a une stabilité qu’eux même ne peuvent pas leur fournir.

La question que nous pourrions nous poser afin de mieux aider est la suivante : comment souhaiterais-je que l’on m’aide, si j’étais moi aussi, dans une situation de grande précarité ? En ce qui me concerne, je pense que j’aimerais que l’on donne à mes enfants la chance que je n’ai pas eue, donc la possibilité de faire une belle scolarité, ou un formation professionnelle qualifiante.

Si vous avez des idées, des suggestions, n’hésitez pas à les partager.

Un grand merci…